ALGER, 2 janvier (Reuters) - Une cour d'appel militaire
algérienne a acquitté samedi deux anciens responsables du
renseignement et le frère de l'ex-président Abdelaziz
Bouteflika, condamnés en 2019 à des peines de prison pour
"complot" contre l'Etat, a-t-on appris dans leur entourage. Les trois hommes avaient écopé en septembre 2019 de peines
de 15 ans de réclusion criminelle. Mohamed Mediène, considéré pendant des décennies comme
tout-puissant dans l'appareil de sécurité algérien et connu de
ses concitoyens sous le surnom de Toufik, a été libéré peu après
l'annonce de son acquittement. "La justice militaire a rejeté la théorie du complot contre
Toufik. C'est une bonne chose", a déclaré l'un de ses proches. Son successeur Bachir Tartag, considéré comme moins
influent, et Saïd Bouteflika, frère cadet et conseiller
considéré comme le "régent" de fait du pays après l'accident
vasculaire cérébral qui avait considérablement affaibli le chef
de l'Etat en 2013, restent quant à eux en prison en attendant
leur procès civil pour corruption, ont précisé plusieurs
sources. La condamnation des trois hommes avait constitué l'un des
moments marquants du mouvement de contestation populaire
"Hirak", à l'origine de des manifestations de masse début 2019
et qui avait conduit l'armée à pousser Abdelaziz Bouteflika à la
démission en avril de la même année, après 20 ans à la tête du
pays. Le mouvement Hirak, dont les manifestations ont cessé en
mars, n'est toutefois pas parvenu à ses principaux objectifs,
qui incluaient l'éviction de l'élite politique du pouvoir, celle
de l'armée de la vie politique et la lutte contre une corruption
endémique. Le président actuel, Abdelmadjid Tebboune, élu en décembre
2019 à l'issue d'un scrutin marqué par une abstention massive,
avait salué dans un premier temps le mouvement Hirak, disant y
voir un acte de renouveau national, et il ensuite a lancé des
réformes constitutionnelles jugées largement insuffisantes par
de nombreux opposants et partisans du mouvement. (Lamine Chikhi et Hamid Ould Ahmed, version française Marc
Angrand)