Amiens : Des licenciements annulés chez Whirlpool pour « absence de motif économique »

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Emmanuel Macron en visite dans l'usine Whirlpool d'Amiens, en octobre 2017.

Emmanuel Macron en visite dans l'usine Whirlpool d'Amiens, en octobre 2017. — Philippe Wojazer / SIPA

Un « camouflet » pour le ministère du Travail, selon l’avocat des ex-salariés Whirlpool. Le tribunal administratif d’Amiens a rendu public, lundi, un jugement du 11 mars, qui annule des licenciements reconnaissant « l’absence de motif économique » à la fermeture du site amiénois de Whirlpool en 2018.

En mai 2019, le ministère du Travail avait autorisé le licenciement de 18 salariés protégés de l’entreprise, considérant que le motif économique était établi. Ces licenciements s’inscrivaient dans le cadre du transfert de l’intégralité de la production de sèche-linge de l’établissement d’ Amiens à Lodz, en Pologne.

Le chiffre d’affaires dépasse des records

Le tribunal a décidé d’annuler ces autorisations, au motif qu’il « n’existait pas de menaces sérieuses pour la sauvegarde de la compétitivité de l’entreprise ». Dans cette décision, le tribunal s’appuie notamment sur le fait que « le résultat opérationnel » de l’entreprise dans le gros électroménager, bien qu’en baisse de 991 à 684 millions de dollars entre 2016 et 2018 « conserve un niveau très appréciable, proche des performances passées ».

Il relève aussi que le chiffre d’affaires du groupe Whirlpool « dépasse des records » en 2017, qui permet « la distribution de dividendes généreux ». La juridiction en conclut à « l’absence de réalité du motif économique ».

« Convaincu d’avoir respecté ses engagements »

C’est « un camouflet de la juridiction administrative » au ministre et « une victoire emblématique qui prend le contre-pied de ce qu’on essaye de faire avaler à tous les salariés de ce pays », s’est félicité l’avocat des salariés, Fiodor Rilov, s’attendant cependant à un appel du ministère et de l’entreprise.

La direction de cette dernière a déclaré « examiner attentivement la décision » et « évaluer les prochaines étapes ». « Whirlpool est convaincu d’avoir respecté ses engagements envers le site et ses employés, après avoir conclu un accord avec toutes les organisations syndicales représentatives en mai 2017, prévoyant des mesures exceptionnelles », affirme-t-elle.

Alors que les salariés ont également saisi depuis 2019 les prud’hommes d’Amiens pour contester leur licenciement, Me Rilov dit espérer « raisonnablement » que celui-ci « reprenne le travail d’analyse du tribunal administratif », rappelant avoir réclamé « entre deux et trois années de salaires » d’indemnités.

Un parallèle avec Bridgestone

L’usine Whirlpool qui employait 246 salariés a fermé le 31 mai 2018. Le groupe américain avait justifié la fermeture au nom de « la sauvegarde de la compétitivité » dans un contexte « de plus en plus concurrentiel ».

L’avocat établit par ailleurs un lien avec la fermeture de l’usine Bridgestone de Béthune, prévue en mai, alors que l’administration du travail a validé, mardi, le plan de sauvegarde de l’emploi, signé par l’ensemble des syndicats. Pour Me Rilov, l’intersyndicale de Bridgestone a insuffisamment « lutté contre la décision de fermeture » du site de 863 salariés au profit « d’une sorte de mise à prix de la destruction de leurs emplois ».

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