Après la faillite de Greensill Capital, les créanciers réclament des milliards

Il y a 3 années 1023

Le japonais SoftBank et l'association des banques allemandes réclament des milliards à la société financière britannique spécialiste d'une forme d'affacturage.

La saga financière de Greensill Capital n'en finit plus. Les créanciers de la société britannique, dont le japonais SoftBank et l'association des banques allemandes, réclament des milliards à la société financière en faillite, a annoncé vendredi son administrateur, le cabinet Grant Thornton. Et ce, alors même que les espoirs de reprise de Greensill s'amenuisent puisque les négociations avec la société américaine d'investissement Apollo pour racheter la propriété intellectuelle et la plateforme technologique ont échoué, a confirmé à l'AFP une source proche du dossier.

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La chute retentissante de la société financière a de multiples ramifications pour ses clients et ses bailleurs de fonds. Devenue virtuose d'une forme d'affacturage, la société financière, bâtie par l'australien Lex Greensill en 2011, comptait parmi ses clients des multinationales comme Vodafone et Coca-Cola.

Réunion des créanciers

Plusieurs procédures sont en cours en parallèle puisque Greensill a déposé le bilan au Royaume-Uni où le gros de ses activités opérationnelles sont situées, mais également en Australie où sa maison mère est enregistrée et en Allemagne où elle possède une filiale bancaire. La faillite de Greensill est la conséquence d'une surexposition manifeste de la société à certains clients et d'un montage financier fébrile. La société financière réglait rapidement les fournisseurs de ses entreprises clientes, moyennant une petite décote. Puis elle se faisait payer plus tard par l'entreprise débitrice. Entre-temps, Greensill replaçait une partie de ces créances sous forme de titres. Le principal client des prêts était le Credit Suisse, qui les plaçait dans des fonds vendus à des investisseurs extérieurs, à l'affût de rendement dans un monde à faible taux d'intérêt. Pour réduire le risque de défaut en cas d'impayés, des assurances avaient été souscrites à hauteur de 75 % du portefeuille. Greensill avait ainsi averti des conséquences potentiellement «catastrophiques» si ces polices d'assurance n'étaient pas renouvelées, affirmant que certains clients «risquaient de devenir insolvables».

Les créanciers de la maison mère Greensill en Australie réclament aujourd'hui 1,75 milliard de dollars australiens (1,35 milliard de dollars), selon le communiqué de Grant Thornton.Ce chiffre a été communiqué à la suite d'une réunion avec 59 créanciers, dont SoftBank et la banque Credit Suisse. En 2019, le japonais SoftBank était entré au capital à hauteur de 1,5 milliard de dollars. De son côté, le patron de Credit Suisse avait affirmé mardi que la priorité de la banque, qui remanie sa gestion d'actifs en raison du scandale, restait de «récupérer les fonds».

Les créanciers se retrouveront de nouveau autour du 21 avril et voteront sur l'avenir du groupe, qui passera par une liquidation ou un accord permettant d'espérer de récupérer quelques fonds. Grant Thornton précise que 35 salariés en Australie, soit la grande majorité, ont été licenciés.

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Inquiétudes dans le secteur financier et dans l'industrie

En parallèle, avec la faillite de la filiale bancaire de Greensill en Allemagne, l'association des banques allemandes réclame, elle, 2 milliards d'euros, en tant que créancier. Depuis le début du mois de mars, Greensill fait face à une enquête pénale sur sa filiale bancaire allemande après que le gendarme financier outre-Rhin a constaté que Greensill Bank AG avait mal comptabilisé les actifs de son plus gros client, GFG Alliance. Greensill Bank, dont les actifs sont estimés à 4,5 milliards d'euros, a été placée en redressement judiciaire mardi. L'argent de ses clients privés en Allemagne est protégé mais ce n'est pas le cas pour des dizaines de communes et une région.

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Globalement, la chute de Greensill a déclenché une vague d'inquiétudes dans le secteur financier et dans l'industrie. Sa déroute plonge ses clients dans une grande incertitude, faisant craindre un effet de dominos chez les entreprises qui font appel à ses services pour payer leurs factures, notamment l'empire mondial de 35.000 salariés du groupe GFG Alliance du milliardaire anglo-indien Sanjeev Gupta. Liberty Steel, qui regroupe les activités de GFG dans l'acier, a repris fin 2020 l'aciérie Ascoval, à Saint-Saulve dans le nord, et l'usine de rails d'Hayange en Moselle. À cet égard, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait assuré la semaine passée que l'État protégerait les salariés en cas de difficultés.

Par ailleurs, dans une enquête publiée jeudi, le Financial Times révélait le rôle de conseiller de l'ancien premier ministre conservateur britannique David Cameron, qui a fait pression sur le gouvernement pour que Greensill obtienne davantage de prêts garantis par l'État l'an dernier pendant la crise sanitaire.

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