Castex annonce une nouvelle prime Macron

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Économie

À l’issue d’une conférence sociale, le Premier ministre a aussi annoncé la prolongation des primes à l’apprentissage jusqu’à la fin de l’année.

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Alors qu'Emmanuel Macron annonçait la suspension provisoire de l'utilisation du vaccin d'Astra Zeneca, le Premier ministre, lui, abordait le chantier de la sortie de crise avec les organisations patronales et syndicales lors d'une conférence sociale menée en visioconférence.

Plus longue que prévu, la séance a permis de mettre en scène l'écoute et le dialogue de Jean Castex, qui a fait du dialogue social une de ses marques de fabrique.

Le Premier ministre avait d'abord préparé des gestes pour apaiser les syndicats après le durcissement controversé des règles d'assurance chômage. À l'issue de la réunion, en présence de la ministre du Travail Élisabeth Borne et du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, il a annoncé le prolongement de l'aide à l'embauche pour les contrats en alternance (apprentissage et contrats pros) jusqu'à la fin de l'année alors qu'elle devait s'éteindre fin mars. Ces primes, de 5 000 euros pour les moins de 18 ans et de 8 000 euros au-delà, permettent de réduire à près de zéro le reste à charge d'une entreprise pour l'embauche d'un apprenti la première année du contrat. Plus de 350 000 demandes ont été enregistrées jusqu'à présent.

2,4 milliards de plus pour maintenir les formations en alternance

En revanche, le gouvernement a décidé de débrancher les primes à l'embauche pour les jeunes de moins de 26 ans pour des contrats de plus de 3 mois. Demandées 348 000 fois, ces primes allant jusqu'à 4 000 euros par an ne seront prolongées que jusqu'à fin avril pour des niveaux de rémunérations abaissés de deux fois le smic à à 1,6 fois le smic.

Une façon de commencer à débrancher – un peu – le « quoi qu'il en coûte ». Le ministère du Travail assume cet arbitrage, pour une prime qui aurait surtout permis d'accélérer les embauches plus que de les augmenter très fortement. Au total, le gouvernement pourrait quand même débourser 2,4 milliards d'euros supplémentaires pour financer ces prolongations en 2021, selon Jean Castex.

À LIRE AUSSIDette : le vrai prix du « quoi qu'il en coûte »

Mais la principale annonce de cette troisième conférence du dialogue social depuis l'arrivée de Jean Castex à Matignon en juillet 2020 est la reconduction de la prime Macron. Initié en 2019 puis reconduit l'année dernière, ce versement optionnel défiscalisé et exempt de charges sociales doit encourager les entreprises à faire un geste envers leurs salariés. Toutes les entreprises pourront verser jusqu'à 1 000 euros avec ce régime fiscal favorable. Les entreprises qui le souhaitent pourront même monter jusqu'à 2 000 euros à condition d'avoir signé d'abord un accord d'intéressement ou de s'engager à entamer des négociations pour revaloriser les conditions de travail de leurs salariés qui touchent des bas salaires. À défaut, cet engagement pourra être pris au niveau de la branche professionnelle à laquelle elles appartiennent.

Le doublement de la prime concernerait alors les plus bas salaires, avec un seuil qui reste à définir, une façon de cibler les travailleurs « de la seconde ligne » pour lesquels les syndicats réclamaient un geste rapide avant l'ouverture de négociations dans les branches professionnelles afin d'améliorer les perspectives de carrière des travailleurs identifiés comme appartenant à la seconde ligne. Ces discussions vont démarrer dans une quinzaine de branches concernées, mais devraient prendre du temps avant d'aboutir.

Des primes incertaines

Ces primes, qui ont permis de distribuer 401 euros en moyenne à 4,8 millions de salariés en 2019 et 460 euros en moyenne à 6,2 millions de salariés en 2020 pour un total de plus de 5 milliards d'euros, pourraient avoir un succès mitigé, selon le Medef, qui n'a pas caché son scepticisme alors que les entreprises sont fragilisées par la crise sanitaire. La confédération des petites et moyennes entreprises s'est montrée plus favorable même si elle alerte également sur le fait que beaucoup d'entreprises ne pourront pas la verser.

Le gouvernement s'engage aussi à avancer, en avril, sur le chantier ouvert depuis des mois sur le partage de la valeur dans les entreprises. Pour le reste, il a constitué un groupe de travail pour réfléchir à la meilleure manière de débrancher les aides d'urgence lors de la sortie de la crise sanitaire en fonction de la situation des différents secteurs. Un numéro d'équilibriste risqué. Les organisations patronales et syndicales interprofessionnelles seront consultées sur le sujet, de même que les représentants d'employeurs des différents secteurs.

Le gouvernement va aussi devoir se pencher sur le financement de la formation professionnelle et de l'apprentissage, car le succès de la loi de 2018 de Muriel Pénicaud sur l'apprentissage a fait exploser les dépenses. « Pour la #CFTC, la 3e conférence sociale a permis d'avoir des réponses concrètes sur les sujets structurants du moment comme la jeunesse, la formation et les travailleurs de 2e ligne », s'est réjoui Cyril Chabanier, son président, sur Twitter.

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