Confinement : les trains quittant Paris pris d'assaut, des embouteillages en Île-de-France vendredi

Il y a 3 années 658

EN IMAGES - Après les annonces de Jean Castex, la SNCF a enregistré «deux fois plus de réservations par rapport à la veille». Les Franciliens sont également nombreux à avoir pris la route.

C'est le retour du fameux «exode» des Parisiens. Alors que Jean Castex annonçait, jeudi soir, un reconfinement qui ne disait pas son nom dans plusieurs départements, y compris dans toute l'Île-de-France à partir de vendredi soir, des habitants des zones concernées n'ont pas perdu de temps pour se rendre sur internet. Leur objectif : acheter un billet de train au plus vite pour quitter la région capitale avant que la mesure ne rentre en vigueur.

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Les déplacements interrégionaux sont désormais restreints : il n'est plus possible de passer d'une zone rouge à une zone verte, sauf pour un motif impérieux ou professionnel.

Sur le site de OuiSNCF, de nombreux trains partant de Paris affichaient complet vendredi. Parmi les lignes particulièrement chargées se trouvaient celles se rendant à Bordeaux, Lyon, Brest, Vannes, La Rochelle, Rennes, Nantes, Saint-Brieuc, ou encore Saint-Malo et Biarritz. Conséquence logique de l'affluence, sur certaines lignes, les prix des billets restants ont flambé, dépassant allègrement la barre des cent euros.

Gare Montparnasse, les Parisiens étaient nombreux à attendre les derniers trains avant le reconfinement. LUDOVIC MARIN / AFP

Contactée par nos soins pour obtenir des précisions, la SNCF explique avoir enregistré «deux fois plus de réservations par rapport à la veille, et neuf fois plus d'annulations». Soit 73.000 voyages vendus. Les réservations pour un départ ce week-end sont en hausse de 20% et les destinations les plus recherchées sont plutôt les grandes métropoles, comme Bordeaux, Lyon, Marseille, Rennes ou Nantes.

Maintien du plan de transport jusqu'à mardi

La SNCF a cependant tenu à rassurer dans un communiqué : tous les trains continueront de circuler comme prévu jusqu'au mercredi 24 mars inclus. Les correspondances dans les départements concernés par le renforcement des restrictions sanitaires auront toujours lieu. Enfin, tous les billets Ouigo et TGV Inoui seront échangeables ou remboursables sans frais jusqu'à 1h30 avant le départ et ce, jusqu'au 18 avril.

La SNCF assure que tous les trains programmés jusqu'au mercredi 24 mars circuleront normalement. LUDOVIC MARIN / AFP

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«Nous avons quasiment 1500 trains qui vont rouler vendredi, samedi et dimanche et j'ai d'ailleurs demandé à la SNCF de maintenir pendant les prochains jours, jusqu'à mardi prochain, le plan de transport qui était prévu», a confirmé le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, sur BFMTV. Le ministre en a profité pour rappeler également que des contrôles sont «réalisés, des contrôles qui sont inopinés, aléatoires», qui ont «toujours eu lieu». Une attestation spécifique est disponible sur le site du ministère de l'Intérieur, sur l'application Stopanticovid. Par ailleurs, il a rassuré : «Quand vous avez un domicile principal à rejoindre, quand vos enfants doivent reprendre l'école lundi prochain, vous pouvez rentrer même si vous avez pris quelques jours ou si vous êtes partis pour le week-end.»

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Ce vendredi, les routes d'Île-de-France étaient également chargées : d'après le site Sytadin, près de 400 kilomètres de bouchons étaient observés dans la région, à 17h15, soit plus d'une centaine de kilomètres de plus que la normale. Et ce, alors que les routes sont plutôt calmes depuis de nombreuses semaines. Un niveau plus qu'«exceptionnel». Il y a eu «en gros, à peu près 20% de trafic sur les routes(en plus, NDLR), donc c'est très modeste par rapport à ce qu'on a pu connaître», a indiqué Jean-Baptiste Djebbari.

Évolution des bouchons cumulés sur les routes d'Île-de-France ce vendredi. Capture d'écran du site sytadin.fr.

Un phénomène déjà observé les dernières fois

Sur Franceinfo, l'infectiologue au service des maladies infectieuses de l'hôpital Raymond Poincaré, Anne-Claude Crémieux, a estimé que le départ de Franciliens n'était pas forcément une mauvaise chose. «Les gens s'en vont, ils vont dans des endroits où ils ont plus d'espace» : la majorité des contaminations se faisant dans des espaces fermés, à l'intérieur du cercle familial, «si les gens peuvent être dans des endroits plus espacés, où les interactions sociales sont moins fortes, pourquoi pas», a-t-elle jugé. Le véritable enjeu est avant tout la réduction du «nombre de contacts» quotidiens, a ajouté l'infectiologue.

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Par le passé, les annonces du président de la République comme du premier ministre ont conduit à des situations similaires. Lors du premier confinement, un exode de Parisiens avait été constaté : il était alors facilité par la fermeture des écoles et par le beau temps. La peur de l'inconnu avait aussi joué. In fine, 24 % des Parisiens avaient quitté la capitale entre le 10 et le 26 mars. «Paris intra-muros voit sa population présente en nuitée diminuer de 580.000 à 610.000 personnes, soit un quart de sa population présente en nuitée avant le début du confinement, expliquait l'Insee dans une note à ce sujet.

Le phénomène avait été moins marqué lors du second confinement de novembre dernier, plus permissif. Mais certains avaient, là encore, pris la clé des champs, souhaitant éviter de revivre l'expérience du printemps. Le site SNCF avait été brièvement saturé, suite à l'allocution d'Emmanuel Macron, fin octobre. Cette fois-ci, la situation est certes différente, les restrictions étant plus souples encore qu'auparavant. Reste que l'appel du vert fait rage, et l'herbe est plus verte dans d'autres départements non concernés par ces nouvelles règles.

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