Coronavirus : Emploi des jeunes, prime pour la « deuxième ligne »… Le gouvernement prend son temps pour gérer la sortie de crise

Il y a 3 années 335

Le Premier ministre Jean Castex.

Le Premier ministre Jean Castex. — Raphael Lafargue-POOL/SIPA
Les partenaires sociaux étaient réunis ce lundi pour une visioconférence avec plusieurs ministres, afin de parler de l’après-crise. L’exécutif ne veut pas se précipiter et va maintenir plusieurs dispositifs, notamment sur l’emploi des jeunes. La situation sanitaire, elle, reste très préoccupante.

Penser à replanter des arbres alors que le feu de forêt n’est pas éteint. C’est l’actuel numéro d’équilibriste du gouvernement, qui a réuni ce lundi les partenaires sociaux pour parler « sortie de crise ». Un thème qui peut sembler décalé, tant la situation sanitaire est inquiétante : plus de 4.000 personnes contaminées au Covid-19 se trouvent actuellement en réanimation. Un quart d’entre elles sont hospitalisées en Ile-de-France, où la question d’un reconfinement se fait de plus en plus pressante. Sans parler du flou autour du vaccin AstraZeneca, suspendu temporairement après la déclaration d'Emmanuel Macron.

Malgré ces signaux d’alarme, l’exécutif a voulu parler du temps long. « Cela peut sembler paradoxal », a convenu Jean Castex, lors d’une brève déclaration à l’issue de la conférence. Mais, a-t-il immédiatement ajouté, « c’est une absolue nécessité de nous préparer à la sortie de crise ». Les partenaires sociaux et l’État ont ainsi échangé sur « la manière de désarmer progressivement (les) dispositifs de soutien aux entreprises et aux salariés [indemnisation du chômage partiel, fonds de solidarité…] au fur et à mesure du retour à la normale ». Ce ne sera pas pour tout de suite : l’exécutif veut y consacrer une nouvelle « concertation », là encore avec les partenaires sociaux, avant toute annonce.

Des aides pour l’emploi des jeunes

En effet, comme la France est toujours dans le tunnel du Covid, la politique du « quoi qu’il en coûte » ne va pas s’arrêter du jour au lendemain. Et plutôt que d’évoquer « l’après », l’exécutif a surtout mis l’accent sur le « maintenant » dans sa communication. L’emploi des jeunes reste ainsi la « priorité », a assuré le Premier ministre. Dans cette optique, deux dispositifs d’incitations à l’embauche des moins de 26 ans vont donc être prolongés, avec des ajustements.

Jusqu’à fin mars, les entreprises pourront toujours bénéficier d’une prime de 1.000 euros par trimestre (dans la limite d’un an) chaque fois qu’elles embauchent un jeune en CDD de plus de trois mois ou en CDI. En revanche, à partir du 1er avril, cette aide ne sera accordée que si le salaire d’embauche est inférieur à 1,6 Smic (environ 2.460 euros bruts). Puis elle sera totalement supprimée fin mai. Un resserrement progressif qui permettra d'économiser 600 millions d'euros par rapport à l’hypothèse d’un maintien total des aides.

Du côté de l’apprentissage, rien ne change jusqu’à la fin de l’année. Les entreprises pourront toujours bénéficier d’une aide allant de 5.000 à 8.000 euros pour les alternances. L’exécutif veut surfer sur le succès rencontré par le dispositif en 2020, avec près de 500.000 demandes recensées.

Une prime Macron… pas obligatoire

Le gouvernement a aussi voulu adresser un message aux travailleurs de la « deuxième ligne » (BTP, transports routiers, supermarchés, propreté, aides à domicile), fortement sollicités l’année passée pour assurer la continuité de la vie économique. La « prime Macron » va donc faire son retour, et elle sera ouverte à toutes les entreprises, quel que soit leur secteur. Tous les employeurs pourront verser 1.000 euros à leurs salariés, une somme qui ne sera pas soumise à impôt ou aux cotisations. « Les travailleurs de la "deuxième ligne" devront en être les bénéficiaires privilégiés », a assuré le Premier ministre sur Twitter.

Un vœu pieux, comme l’a rappelé la CPME (petites et moyennes entreprises) à l’issue de la conférence : « Beaucoup d’entreprises fragiles économiquement ne seront pas en capacité de distribuer cette prime. Qui, rappelons-le, ne sera en rien obligatoire » .

Des sujets brûlants

Voilà pour l’essentiel. Pour le reste, plusieurs sujets - qui fâchent - de l’après-crise n’ont pas été abordés ce lundi. Le dossier brûlant de l’assurance-chômage, contesté par les syndicats, a déjà été cadré en amont.

Quant à la très contestée réforme des retraites, Jean Castex ne l’a absolument pas évoquée dans sa déclaration. Le matin, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, estimait même qu’elle était « enterrée ». « On attend d’être sorti de la crise avant de voir comment on organise le chantier », tempère un proche d’Elisabeth Borne, la ministre du Travail. Quand la forêt brûle, ce n’est peut-être pas une bonne idée de souffler sur les braises.

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