En Vendée, Albert Chenu et ses moutons font pousser les bios sapins, rois des forêts

Il y a 3 années 430
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Une quinzaine de saisonniers (retraités) est là en ce moment pour aider Albert Chenu.

Une quinzaine de saisonniers (retraités) est là en ce moment pour aider Albert Chenu. — David Phelippeau/20 Minutes
Albert Chenu, agriculteur vendéen, cultive des sapins depuis 1996, mais depuis quatorze ans, il n’utilise plus de produits chimiques pour l’entretien des arbres. Ce sont des moutons qui gèrent la tonte au pied des sapins, et des ovidés bien particuliers. Cet agriculteur fait désormais partie de l’association Les sapins bio de France.

Ses beaux sapins, rois de ses champs. Il y a foule, ce mercredi après-midi, à la Sapinière, dans cette ferme reculée de la commune des Essarts-en-Bocage, au cœur de la Vendée, à 35 km de La Roche-sur-Yon. Le va-et-vient de camionnettes, de tracteurs, d’élévateurs hydrauliques et autres machines ne s’arrête jamais. Au milieu du brouhaha, quelques éclats de voix ou rires résonnent. Ils sont une vingtaine ce jour – la plupart retraités – à donner un coup de main à Albert Chenu, l’agriculteur et patron de la ferme. Au programme : mettre les sapins de l’exploitation sous filets, tailler la base du tronc et y percer un petit trou et enfin ranger dans des chariots ces centaines d’arbres. Lesquels seront expédiés dans les jardineries et grandes surfaces de la région.

Ils sont une quinzaine à préparer les commandes de sapins. Ils sont une quinzaine à préparer les commandes de sapins. - David Phelippeau/20 Minutes

Albert Chenu est un de rares producteurs de sapins dans la région. Il s’est lancé dans cette culture en 1996 sur les recommandations d’une personne qui lui avait proposé à l’époque « un contrat de production ». « Ce n’était pas quelqu’un de sérieux », précise-t-il maintenant sans en dire davantage. En attendant, l’agriculteur, qui a repris la ferme en 1984, produit (avec ses deux salariés) et vend 15.000 sapins par an. Sur les 24 hectares d’une exploitation qui s’étend sur 35, il en cultive 100.000. Particularité : tous ces arbres sont cultivés de manière biologique. Albert Chenu a rejoint l’association Les sapins bio de France. Elle regroupe six producteurs dans l’hexagone (un dans le Finistère, un dans l’Ariège, un dans la Loire et deux dans le Morvan).

Des moutons en guise de tondeuse

Le bio, Albert Chenu y est finalement arrivé un peu par hasard, mais par conviction surtout. « Un jour, sur Internet, j’ai lu que dans le parc du Morvan [En Bourgogne-Franche-Comté, première région productrice de sapins de Noël de France] il y avait eu un problème de pollution en raison de désherbants chimiques. Pour remédier à ce souci, ils avaient utilisé des moutons pour le désherbement au pied des sapins. »

L’agriculteur vendéen remise ses produits phytosanitaires et investit dans un élevage d’ovidés, et surtout une race bien particulière : le shropshire. « Ces moutons broutent l’herbe aux pieds des sapins, mais pas les jeunes pousses de sapins. » De véritables tondeuses écologiques qui contribuent à donner un arbre 100 % naturel. Albert Chenu en possède désormais une trentaine pour l’entretien des 24 hectares de différentes espèces de sapins allant du Nordmann et l’Epicéa en passant par l’Omorika et le Pungens. « 100.000 sapins sont en culture ici, explique l’agriculteur. Les premiers, on les récolte au bout de six ans et les plus grands, la dixième ou onzième année. »

Les ventes de sapins bio en plein essor

Et l’avantage d’acheter bio ? « Un arbre qui est traité par des produits chimiques, je ne pense pas qu’il s’en débarrasse avant de partir dans les appartements ou les maisons, nous, c’est naturel ! », répond simplement Albert, tout sourire. « Le bio est en plein essor, estime Hugo Querol, commercial de France sapins bio dans l’Ariège. On en vendait 11.000 en 2017, 12.000 l’année d’après, on était sur à peu près 15.000 sapins écoulés en 2019. » Une demande croissante, mais encore faible à l’échelle du nombre sapins en général écoulés (entre 5 et 6 millions). En France, en 2019, aux environs 50.000 sapins bio ont été vendus, ce qui représente moins de 1 %.

Enfin, pour obtenir un beau sapin, il faut le tailler au moins deux fois dans l’année (taille d’hiver et de printemps). « Le Nordmann demande une taille plus ingénieuse », précise Albert. Ensuite, vient la période de préparation et de vente qui s’étale de la deuxième semaine de novembre jusqu’à la deuxième semaine de décembre. La ferme propose d’ailleurs une vente sur place depuis samedi 28 novembre. Les prix oscillent de 10 euros à 70 euros selon la taille du sapin.

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