Entreprises fermées: le plafond d'indemnisation doublé, une mesure saluée par des professionnels "à cran"

Il y a 3 années 517

Soulagement chez des professionnels à cran: le plafond d'indemnisation pour les entreprises restant fermées en raison de la pandémie va être porté à 200.000 euros par mois, une annonce faite par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, en déplacement samedi à Reims avec le Premier ministre Jean Castex auprès de commerçants.

Le gouvernement avait initialement prévu que le nouveau dispositif de soutien aux entreprises fermées, qui comprend une indemnisation à hauteur de 20% de leur chiffre d'affaires par rapport à celui engrangé l'an dernier durant le même mois, serait plafonné à 100.000 euros mensuels.

"Nous avons décidé ce matin, avec le Premier ministre, que le plafond sur les 20% du chiffre d'affaires, que nous avions envisagé de fixer à 100.000 euros, serait fixé à 200.000 euros", a expliqué samedi M. Le Maire, qui entend ainsi aider davantage d'entreprises, en touchant des restaurants ou hôtels de plus grande taille.

"Cela permettra de couvrir les restaurateurs qui ont deux, trois restaurants, les chaînes de restauration, des hôtels qui ont plusieurs dizaines ou centaines de salariés qui n'étaient pas couverts jusqu'à présent".

Conçu en mars pour soutenir les plus petites entreprises et les travailleurs indépendants, le fonds de solidarité prévoit le versement d'une indemnité mensuelle pour compenser une partie de leur perte d'activité liée aux restrictions d'activité.

Depuis le 30 octobre, il compense la perte de chiffre d'affaires jusqu'à 10.000 euros pour les entreprises fermées de moins de 50 salariés, ou pour celles des secteurs du tourisme et activités connexes (restauration, événementiel, culture) dont le chiffre d'affaires baisse d'au moins 50% par rapport à la même période de 2019.

A partir de décembre, cette aide devient accessible aux entreprises fermées quelle que soit leur taille, et les plus grandes pourront choisir une aide représentant 20% de leur chiffre d'affaires réalisé sur la même période l'an passé, qui sera donc plafonnée à 200.000 euros.

Jeudi, des dizaines de restaurateurs avaient publié une tribune dans le quotidien Le Figaro pour demander à Emmanuel Macron "une compensation réelle" pour leur inactivité forcée sur près de la moitié de l'année.

- "A cran" -

"C'est une indemnisation massive, immédiate à partir du début du mois de décembre et qui permet d'accompagner tout le secteur de l'hôtellerie, les cafés, la restauration mais aussi les salles de sports, tous ceux qui sont les premières victimes de cette crise sanitaire et économique", a souligné M. Le Maire samedi.

L'annonce d'un plafond rehaussé à 200.000 euros a été accueillie avec "soulagement" par les commerçants, à l'instar de Vincent Mansencal, le président de l'association de commerçants Vitrines de Reims, et patron du bar-restaurant où ont été accueillis le Premier ministre et Bruno Le Maire.

"C'est un soulagement pour les hôteliers. C'est très important (...) Il y a eu une vraie écoute. Nous en avons besoin car nous sommes à cran, très mal psychologiquement."

L'Union des métiers et industries de l'hôtellerie (Umih), partie prenante des négociations avec Bercy, s'est elle aussi dite "satisfaite", estimant que seront concernées des centaines de "petites holdings" de restaurants et hôtels.

Cette mesure "permettra à un grand nombre d'entreprises qui se posaient la question de savoir si elles allaient pouvoir passer le cap de la prolongation de ces fermetures de maintenir leur outil, et d'envisager l'avenir avec plus de sérénité", a réagi Hervé Becam, son vice-président.

Même son de cloche pour le restaurateur Stéphane Manigold, l'un des porte-parole du collectif "Restons ouverts", très actif depuis le début de la pandémie.

"C'est une vraie mesure conforme au +quoi qu'il en coûte+", a-t-il souligné, interrogé par l'AFP, en faisant référence à une expression utilisée par le président de la République. "Enfin, le +quoi qu'il en coûte+ est respecté pour 99,99% des entreprises de ce pays", s'est-il réjoui. "Je ne peux que saluer cette mesure".

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a lui aussi salué ces aides "bienvenues": "c'est une bonne nouvelle, on s'en réjouit, mais la solution, à terme, c'est de rouvrir", a-t-il dit à l'AFP.

Et l'annonce laisse un goût "mitigé" au chef triplement étoilé Yannick Alleno, dont l'établissement, le pavillon Ledoyen, abrite trois restaurants sur les Champs-Elysées. "Je suis ravi pour la majorité des gens concernés, mais je me sens un peu lésé", explique-t-il, disant attendre désormais un soutien de la mairie de Paris.

"Je vais aller lui demander de m'aider à préserver mes emplois, sinon je vais devoir licencier", dit-il. "Cela fait un an que c'est dur, on essaie de trouver des solutions, les uns et les autres".

Si une grande partie des commerces ont pu rouvrir leurs portes samedi, les restaurants, cafés, discothèques ou salles de sport restent en effet fermés. Les restaurants pourront rouvrir le 20 janvier, tandis que pour les bars, il faudra encore attendre.

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