Fusion de Société générale et Crédit du Nord : 600 agences vont fermer

Il y a 3 années 309

Confronté à un environnement en profonde mutation, le groupe bancaire Société générale a officialisé lundi 7 décembre le projet de fusion de ses deux réseaux de détail en France Société générale et Crédit du Nord, en vue de créer une nouvelle banque forte de 10 millions de clients. Le projet va passer par la fermeture de 600 agences, mais le groupe assure qu'il n'y aura pas de départs contraints.

À l'issue d'un week-end de consultation des conseils d'administration concernés, le groupe au logo rouge et noir a décidé que les deux réseaux ne feraient plus qu'un à compter du premier semestre 2023, a-t-il annoncé dans un communiqué. Cette décision fait suite à une étude sur le sujet lancée mi-septembre. Le groupe entend préserver la même empreinte territoriale tout en réduisant le nombre d'agences – dans une même ville, il y a en effet souvent des agences des deux enseignes à proximité l'une de l'autre. Il passera ainsi d'environ 2 100 agences fin 2020 à environ 1 500 fin 2025.

En matière d'emplois, « il n'y aura aucun licenciement, aucun départ contraint », a toutefois assuré Sébastien Proto, directeur général adjoint du groupe, estimant que les départs naturels ces prochaines années permettront de mener à bien le projet tout en continuant à recruter.

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Devenir « plus offensif » sur le marché

Les syndicats craignent de nombreuses suppressions d'emplois, en raison des doublons entre les deux structures. La CFDT du Crédit du Nord avait estimé que les deux banques pourraient perdre au moins « entre 3 000 et 5 000 emplois ».

« Notre objectif est d'anticiper l'évolution des comportements des clients dans les années qui viennent dans un environnement pour les banques de détail qui évolue très vite et très profondément », souligne Sébastien Proto. Le groupe anticipe une accélération de cette évolution au sortir de la crise sanitaire, avec un recours accru aux services en ligne et des attentes encore plus fortes de réactivité et d'immédiateté dans les services bancaires.

Il veut aussi « être plus offensif en matière commerciale en capitalisant sur les forces respectives des deux enseignes sur ses clientèles cœur, en développant pour ses clients une approche plus personnalisée en matière de produits et de services, et en renforçant ses partenariats et ses initiatives commerciales en matière d'épargne et d'assurance ».

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Un milliard d'euros de perte

Le groupe bancaire a accusé une perte de plus d'un milliard d'euros au premier semestre sous l'effet de la crise du Covid-19, avant de se reprendre en partie au troisième trimestre. Dans ce contexte, il a annoncé au cours de l'été la nomination d'une nouvelle équipe de direction sous la houlette du directeur général Frédéric Oudéa, en vue de préparer son futur plan stratégique qui doit notamment permettre de réduire ses coûts.

La fusion des deux réseaux bancaires constitue l'une des premières réalisations concrètes de la nouvelle équipe. « Grâce à des investissements informatiques concentrés sur un seul système et non plus sur deux, les capacités digitales seront renforcées pour donner la possibilité à nos clients de disposer des réponses à leurs besoins bancaires les plus simples de la manière la plus efficace et la plus rapide », fait valoir Société générale.

La question des investissements informatiques est actuellement cruciale pour les groupes bancaires, confrontés à l'émergence de jeunes pousses très innovantes (des « fintechs » comme Revolut ou N26 par exemple) et aux ambitions des géants technologiques américains ou asiatiques qui multiplient les incursions dans le secteur financier.

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Une baisse des coûts

Jusqu'à présent, les activités de banque de détail du groupe étaient organisées autour de trois enseignes avec un large niveau d'autonomie : les réseaux Société générale et Crédit du Nord, dotés d'agences physiques, et la banque en ligne Boursorama.

La fusion des deux premiers devrait permettre une réduction nette de la base de coûts du futur ensemble de plus de 350 millions d'euros en 2024 et d'environ 450 millions en 2025 par rapport à 2019. La facture à régler pour mener à bien le projet est quant à elle estimée entre 700 et 800 millions d'euros, qui seront payés l'an prochain pour l'essentiel.

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