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Le tribunal correctionnel de Versailles doit juger, à partir du 22 mars, si le géant du mobilier a eu recours, entre autres systèmes de surveillance illégaux, à des « taupes », officines privées, comédiens ou anciens policiers, pour espionner des salariés ou des clients.

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Le magasin IKEA  à Paris  en France, le 4 mars 2021. Le magasin IKEA  à Paris  en France, le 4 mars 2021.

Après l’étagère Billy, le « bureau des légendes »… Le 22 mars, Ikea France, le géant du meuble en kit, doit comparaître devant le tribunal correctionnel pour avoir mis en place un système d’espionnage de ses salariés syndiqués, mais aussi de candidats à l’embauche et de clients en litige avec la marque.

L’enquête, ouverte en mars 2012 par le parquet de Versailles à la suite de la plainte déposée par Me Yassine Yakouti, a établi que des cadres d’Ikea France sollicitaient des officines privées et d’anciens policiers pour obtenir des renseignements illégaux, notamment issus du fichier de police STIC (système de traitement des infractions constatées) répertoriant les auteurs et les victimes d’infractions. En plus de la filiale tricolore du groupe suédois, 15 personnes, dont 5 policiers ou ex-policiers (et deux anciens gérants de magasins de l’enseigne en France), sont également visées par la procédure.

Après une grève dure en 2010

Mais c’est une méthode d’espionnage encore plus étonnante qui est apparue en marge de la procédure : l’utilisation de « légendes », ou « implants », c’est-à-dire de taupes se faisant passer pour des salariés afin de collecter des informations utiles à la direction, au plus près du terrain. Généralement, des comédiens, ­d’anciens policiers ou espions reconvertis dans le privé.

Ce service a été proposé par la société GSG (Groupe Synergie Globale), spécialisée dans la prévention des risques et la gestion des crises, à Jean-François Paris, directeur du département prévention des risques d’Ikea France, après une grève nationale extrêmement dure en février 2010 à propos d’augmentation salariale.

Objectif assumé : se débarrasser au plus vite d’Adel Amara, délégué du personnel FO et leader du mouvement, employé à la logistique du magasin de Franconville (Val-d’Oise). Celui-ci sera congédié début 2012 pour un comportement jugé agressif avant d’être réintégré quelques mois plus tard, la procédure ayant été entachée d’irrégularités.

Dans un rapport de 55 pages daté d’avril 2010 intitulé « Audit Flash », un « détective » de GSG décrit le syndicaliste comme un « leader charismatique », dont le moteur est « l’argent », « souffrant à l’évidence de problématiques psychotiques », dont « les cadres sont unanimes à souligner la probabilité élevée de consommation de drogue », « son comportement laissant à penser qu’ A.A. utilise préférentiellement de la cocaïne »

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