Le point hebdo de l'investisseur : Élan freiné mais pas remis en cause

Il y a 3 années 233

Analyste Senior

Suivre sur

Surplombant les marchés de ses 35 années d'expérience, Patrick Rejaunier connaît la bourse sur le bout des doigts. A l'époque, jeune expert du Monep et de ses options, il passait, au centre de la Corbeille, ses ordres d'un signe de la main.
Analyste senior, il pose un regard zen sur l'actualité sans jamais se laisser déborder par l'émotion. Expert de tous les sujets, patient et fin communiquant, Patrick est l'interlocuteur privilégié de nos clients et en charge de la partie courtage.

Vendredi  4
décembre
Le point hebdo de l'investisseur

intro

Après quatre semaines consécutives de forte hausse sur fond d'espoirs au sujet des vaccins contre la Covid-19, les places financières ont marqué une pause, rattrapées par les incertitudes sur le Brexit et la seconde vague qui devrait nuire à l'économie au quatrième trimestre. Malgré les inquiétudes sur la distribution des vaccins, alors que Pfizer a fait état de problèmes de production, les grands indices ont néanmoins bien résisté, avec la perspective d'un plan de relance aux Etats-Unis et un nouveau geste des banquiers centraux.
Indices

Sur la semaine écoulée, en Asie, le Nikkei a gagné 0.4% alors que le Hang Seng a perdu 0.4% et le Shanghai Composite s'adjuge 1%.

En Europe, à l'heure de la rédaction de ce point, le CAC40 enregistre une perte hebdomadaire de 0.1%, le Dax cède 0.5% tandis que le Footsie s'adjuge 2.6%, à l'approche de la fin de la période de transition. Pour les pays périphériques de la zone euro, l'Italie recule de 0.9%, le Portugal grimpe de 0.5% et l'Espagne de 0.8%.

Outre-Atlantique, les indices ont une fois de plus inscrit de nouveaux records absolus, soutenus par les espoirs de soutiens monétaires et budgétaires ainsi que par la faiblesse du billet vert. Le Dow Jones progresse de 0.5% sur la semaine, le S&P500 engrange 1.1% et le Nasdaq100 1.6%.

Matières premières

Les cours pétroliers poursuivent leur rebond entamé au début du mois de novembre, soutenus par l'accord entre les membres de l'OPEP+, qui ont trouvé un consensus sur une légère réduction des quotas de production à partir du 1er janvier 2021. Environ 500.000 barils additionnels vont arriver chaque jour sur le marché, ce qui est bien moins que les 1.9 million de barils quotidiens initialement prévus. Le cours du Brent se rapproche ainsi de la barre symbolique des 50 USD, tandis que la référence américaine s'échange autour de 46.7 USD.

Après trois semaines de correction, les métaux précieux reprennent de la hauteur. Le métal doré réalise presque un sans faute sur cette séquence hebdomadaire, en grande partie aidé par la baisse du dollar. L'or s'installe aussi au-dessus de 1800 USD pour se traiter précisément à 1840 USD l'once (voir graphique). L'argent, de son côté, n'a enregistré aucune séance négative sur les cinq derniers jours et avance à 24.2 USD.

Du côté des métaux de base, ces derniers ont fini la semaine en ordre dispersé. Si le nickel et l'étain marquent une pause (à respectivement 15.930 et 18.850 USD), le cuivre et l'aluminium poursuivent leur ascension.

Rebond de l'or sur la borne basse d'un canal baissier

image

Marchés actions

Vestas Wind Systems est le leader mondial de la fabrication d'éoliennes. Cette société danoise profite du contexte actuel pour faire partie des grands gagnants de cette année. En effet, de nombreux pays européens se lancent concrètement dans la transition énergétique. Le Royaume-Uni compte construire le plus grand champ éolien mondial après avoir annoncé la fin des véhicules thermiques pour 2030 tandis que le Danemark va arrêter sa production de pétrole en mer du Nord. Ces mesures gouvernementales sont une vraie opportunité pour Vestas qui voit son titre progresser de 77.5% sur l'année 2020.

Le groupe danois est présent dans près de 82 pays et se démarque par une activité renforcée aux États-Unis, avec 28% de ses installations. Au total, l'entreprise cotée à l'OMX danois a installé plus de 120 GW de puissance éolienne dans le monde grâce à ses plateformes 2 MW et 4 MW.

Cette position solide dans un marché prometteur permet au groupe de voir son chiffre d'affaires augmenter d'année en année. 1.8% en 2018 et 19.8% en 2019 alors que les analystes s'attendent à une hausse de 20.8% en 2020. L'entreprise évolue en cette fin d'année sur ses plus hauts, avec un pic à 1275 DKK mardi dernier.

Vesta : une trajectoire sans faille

image

Marché obligataire

La Réserve Fédérale a réagi avec force aux retombées économiques de la pandémie de coronavirus et la perspective d'un gouvernement divisé l'année prochaine pourrait mettre encore plus de poids sur les épaules de la Fed. En attendant, le dollar s'affaiblit mais le rendement du 10 ans américain se stabilise sur 0.91%.

En Europe, le calme se vérifie avec des taux inchangés sur une semaine. Le Bund se situe avec une référence à -0.56% ainsi que l'OAT française à -0.32%. Les pays méditerranéens se rapprochent de la ligne du zéro symbolique. Le Portugal rémunère sa dette avec un petit 0.02%, tout comme l'Espagne avec un taux de 0.06%. La Grèce (0.60%) et l'Italie (0.50%) profitent pleinement de cette conjoncture durable de taux administré par la BCE pour voir le coût de leur dette se réduire de semaine en semaine.

Marché des changes

L'optimisme engendré par un probable plan de relance américain, les paris sur un déploiement réussi des vaccins et le rebond économique de la Chine animent le marché des devises. Un gagnant, le yuan, qui se distingue une fois de plus, en établissant un nouveau record à 6.54 CNY. En face, le dollar est perdant car la principale monnaie de réserve mondiale est vue par les cambistes comme pouvant subir un cycle baissier. La devise américaine reste donc sous pression alors que les signes positifs pour une reprise globale se précisent.

En Europe, la monnaie unique profite de l'appétit au risque et s'envole pour rejoindre son plus haut niveau depuis le printemps 2018, à l'approche des 1.22 USD. L'euro se bonifie aussi face aux devises refuges. Le couple EUR/JPY se négocie avec un gain de 250 points sur la semaine à 123.50 JPY, alors que le franc suisse recule également contre la monnaie européenne à 1.09 CHF.

De son côté, la livre sterling continue d'émettre des écarts erratiques, après que le ministre des affaires étrangères britannique a indiqué des progrès dans les négociations afin de parvenir à un accord sur le Brexit. Le câble se traite sur une base de 1.34 USD.
Le fait marquant provient de la parité USD/CHF qui se négocie sur un plus bas de 5 ans (période où la BNS avait laissé flamber le franc suisse). Il faut 0.90 franc suisse pour acheter un dollar (voir graphique).

Dans l'hémisphère sud, les devises pro-cycliques, comme l'AUD et le NZD, avancent de manière ascendante. Le dollar australien se négocie à 0.74 USD, un plus haut de deux ans, tout comme le kiwi qui se traite sur une base de 0.71 USD.

Consolidation de l'USD/CHF, sur un plus bas de 5 ans

image

Statistiques économiques

L'activité manufacturière et celle des services ont une nouvelle fois accéléré à la hausse en Chine, dépassant les attentes, aussi bien pour les indices officiels ou Caixin. Les indices PMI manufacturier et services sont ressortis à respectivement 52.1 et 56.4 (54.9 et 57.8 pour les indices Caixin).

En Allemagne, l'indice CPI recule de 0.8% (consensus -0.7% et +0.1% le mois dernier) mais les ventes au détail rebondissent de 2.6% (consensus 1.3%) et les commandes industrielles de 2.9%.
Pour la zone euro, les indices PMI manufacturier et services étaient légèrement meilleurs que prévu (53.8 et 41.7). L'activité des services continue néanmoins à se contracter, l'indice restant largement sous le seuil des 50. L'indice CPI recule de 0.3% tandis que l'indice PPI reste comme le mois précédent à +0.4%, et le taux de chômage se maintient à 8.4%. Les ventes au détail ont, en revanche, dépassé les attentes à +1.5% (0.7% attendu et -1.7% le mois dernier).

Aux Etats-Unis, beaucoup de chiffres ont déçu, confortant le sentiment que la Fed devrait agir davantage pour soutenir l'économie. Les promesses de ventes de logements ont reculé de 1.1%, l'indice PMI de Chicago rate le consensus, à 58.2. L'ISM manufacturier retombe à 57.5 (59.3 précédemment) et l'ISM services à 55.9 (56.6 le mois dernier).
Concernant les données sur l'emploi, l'enquête ADP a fait état de seulement 307K créations de postes dans le secteur privé, là où le marché attendait 433K (404K le mois dernier). Le rapport mensuel a mis en évidence un taux de chômage meilleur que prévu à 6.7% (6.9% précédemment), mais avec seulement 245K créations d'emplois (consensus 480K) et un salaire horaire en hausse de 0.3%.
La balance commerciale s'améliore à -63.1B et les commandes industrielles progressent de 1% (consensus +0.8%).

Élan freiné mais pas remis en cause

Après un mois de novembre historique, les marchés conservent malgré tout une forme d'optimisme. Les replis indiciels se définissent par des mini-retracements sans impact sur la tendance primaire, largement ascendante. Cette forme de consolidation rampante se réalise avec une pondération toujours majoritaire des investissements en valeurs cycliques, prouvant ainsi la volonté des acteurs de perpétuer la prise de risque. La thématique « value » profite, par conséquent, pleinement des espoirs d'un retour à la croissance et de la réduction des incertitudes.

Grâce aux interventions des banques centrales, l'environnement de taux administrés favorise de manière complémentaire ces arbitrages, comme si les institutions monétaires agissaient pour que les marchés restent en lévitation, d'où le fameux « Don't fight the Fed ! ».

© Zonebourse.com 2020

Lire la Suite de l'Article