Logement : Les primes des certificats d’économie d’énergie en déclin

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Les primes énergie destinées à la rénovation énergétique vont baisser sous l'effet de plusieurs mesures gouvernementales.

Les primes énergie destinées à la rénovation énergétique vont baisser sous l'effet de plusieurs mesures gouvernementales. — IStock / City Presse

« La rénovation énergétique des bâtiments est l’une des grandes priorités du gouvernement. […] Car mieux isoler son logement, c’est à la fois améliorer le confort chez soi, réduire ses factures et aussi faire un geste bon pour l’environnement. » Voilà ce qu’affirmait Emmanuelle Wargon, la ministre du Logement, début 2020.

Un an plus tard, le virage législatif est tout autre. La généralisation de MaPrimeRénov' s’est faite au prix de plafonds de revenus qui limitent fortement le montant des aides pour les ménages de la classe moyenne et aisée. Quant aux primes énergie, elles vont subir un coup de rabot.

Un système rodé

L’État impose à l’ensemble des fournisseurs d’électricité, de gaz et de carburant de contribuer à un objectif global d’économies d’énergie, sous peine d’importantes pénalités financières. Pour répondre à ces obligations, ces acteurs peuvent produire les fameux certificats d’économie d’énergie, dits CEE, ou acquérir ces derniers en échange du financement des travaux de rénovation énergétique des consommateurs. Ce sont les fameuses « primes énergie », des subventions privées attribuées sans condition de revenus et qui peuvent prendre la forme de bons d’achat ou de chèques en euros.

Or, ce système est régi par des quotas déterminés tous les quatre ans. Et pour la cinquième période des CEE, qui s’étendra de 2022 à 2025, le gouvernement envisage d’augmenter de 10 % le volume de certificats que les fournisseurs doivent obtenir.

Une surproduction problématique

Ces dernières années, le marché s’est emballé, notamment sous l’effet des CEE boostés pour les foyers précaires et des « coups de pouce » pour certains travaux. Résultat, « depuis un an, on produit à 170 % de l’objectif des quotas », explique Nicolas Moulin, le fondateur de PrimesEnergie.fr, un intermédiaire agréé pour vendre des CEE aux fournisseurs et verser les primes qui en résultent aux consommateurs.

Et de poursuivre : « Une hausse de volume d’à peine 10 % est largement insuffisante pour absorber cette surproduction. Le stock actuel est tel que des opérateurs comme EDF ou Total ont déjà rempli leurs quotas pour 2021 et 2022. À l’annonce de la faible augmentation pour la nouvelle période, le cours du certificat a donc chuté en passant de 9 à 7 euros entre janvier et février, puisque les fournisseurs ne sont plus pressés d’acheter des CEE supplémentaires. C’est l’effet classique d’une offre supérieure à la demande. »

Exit les coups de pouce

Et les particuliers dans tout ça ? Pour eux, c’est la double peine. Le montant des primes énergie dépend en effet de la tension du marché : avec un cours en chute, le prix fixé par les acteurs va forcément diminuer. PrimesEnergie.fr a d’ailleurs déjà baissé de 10 % les subventions qu’il propose à l’ensemble des ménages.

En outre, plutôt que d’augmenter les quotas, le gouvernement entend réduire le nombre de certificats. Alors que le montant des primes est doublé pour les foyers précaires, les plafonds de revenus requis vont être resserrés. De même, l’État veut mettre fin à l’effet d’aubaine des offres « coups de pouce », qui ont entraîné une forte hausse des chantiers et d’éco-délinquance. Exit l’isolation des combles ou des planchers à 1 euro et le chèque de 1.300 euros pour remplacer sa chaudière à gaz, le gouvernement a annoncé leur suppression dès cet été. Des négociations en cours avec la filière de la rénovation pourraient toutefois retarder l’échéance à fin septembre. Mais une chose est sûre : les primes vont baisser.

La filière vent debout

Ces coups de rabot – encore à l’état de projet – ont provoqué une large incompréhension, d’autant que les récents encadrements (interdiction du démarchage téléphonique, visite technique préalable, délai de rétractation et contrôle aléatoire des chantiers) ont permis de diminuer l’éco-délinquance et, au passage, le nombre de chantiers.

Le syndicat Symbiote, qui réunit près de 200 entreprises de la rénovation énergétique, tire la sonnette d’alarme. « Les factures des particuliers vont passer du simple au double, ce qui va les décourager de faire réaliser des travaux. Ce sont donc 10.000 emplois qui sont menacés dans la filière », dénonce son fondateur, Édouard Barthès. Et l’entrepreneur de citer notamment l’isolation des combles perdus, le premier chantier à réaliser en termes de rénovation énergétique, qui est pourtant souvent négligé faute de visibilité. « Si vous avez un devis de 300 ou 400 euros de reste à charge sur ce type de travaux, vous divisez par 10 le nombre de clients potentiels ».

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