Macron récuse les accusations de dérive autoritaire en France

Il y a 3 années 190

Emmanuel Macron répond aux questions des journalistes du média en ligne Brut, à Paris le 4 décembre 2020 (AFP/BERTRAND GUAY)

"Je ne peux pas laisser dire qu'on réduit les libertés en France", a affirmé vendredi Emmanuel Macron sur le média en ligne Brut, en prônant l'apaisement après les vives polémiques sur les "violences policières" - une expression qu'il a accepté de prononcer- et la loi sur la "sécurité globale".

"C'est un grand mensonge. On n'est pas la Hongrie ou la Turquie", s'est écrié le chef de l'Etat, longuement interrogé sur les tensions politiques créées par la concomitance des images du tabassage par des policiers d'un producteur noir et de la controverse sur l'article 24.

Ce débat "a été contaminé par un discours militant, hostile au gouvernement et à votre serviteur", selon lui. "Ne laissons pas la France être caricaturée", a-t-il réclamé, en regrettant que des journalistes participent à une "co-production de la mauvaise image" du pays.

Répondant du tac au tac aux questions incisives des journalistes de Brut, dont Rémy Buisine, récemment mis à terre par des policiers lors de l'évacuation brutale de migrants à Paris, Emmanuel Macron a reconnu qu'il y avait de "la violence dans notre société" pour laquelle il devait y avoir "zéro tolérance des deux côtés".

Le journaliste du media Brut, Remy Buisine à Paris le 3 décembre 2020 (AFP/Archives/GEOFFROY VAN DER HASSELT)

D'un côté, "il y a des policiers qui sont violents" et "qu'il faut sanctionner". "Je n'ai pas de problème à répéter le terme de violences policières mais je le déconstruis", car "c'est devenu un slogan pour des gens qui ont un projet politique, a-t-il précisé.

De l'autre, il a dénoncé les violences contre une policière "attaquée par des fous", des "gens ensauvagés" lors de la manifestation samedi dernier à Paris contre le texte de loi "sécurité globale".

- discriminations "insoutenables" -

Il a ainsi rendu hommage aux "milliers de policiers et policières qui ont subi des violences depuis 3 ans, qui pour certains ont été tués". Ceux qui peuvent "avoir un comportement violent avec un individu" ont parfois "vu des collègues se faire brûler dans une voiture: se faire caillasser se faire tirer au mortier, se faire tirer à balles réelles", a-t-il complété.

Les forces de l'ordre évacuent un nouveau campement de migrants place de la République, le 23 novembre 2020 à Paris (AFP/Archives/MARTIN BUREAU)

A propos de l'évacuation brutale de la place de la République où s'étaient installés des migrants, Emmanuel Macron a considéré qu'il n'était "jamais normal d'avoir des comportements qui ne sont pas à la hauteur des attentes" mais a estimé qu'il "fallait enlever les tentes".

Il a affirmé que le vrai problème était "le droit d'asile (...) détourné par des réseaux de trafiquants".

Un autre défi est, selon lui, de regarder en face la question des contrôles au faciès. Car, "aujourd'hui, quand on a une couleur de peau qui n'est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé (...) On est identifié comme un facteur de problème et c'est insoutenable", a-t-il regretté.

Il a promis le lancement en janvier d'une plateforme nationale de signalement des discriminations, gérée par l'Etat, le défenseur des droits et des associations. Les caméras-piétons pour les policiers seront parallèlement généralisées.

- aide aux jeunes -

Emmanuel Macron a par ailleurs déclaré qu'il envisageait une nouvelle "aide exceptionnelle" pour les jeunes en précarité à cause de la crise du Covid-19, ainsi qu'une amélioration du système des bourses étudiantes.

Il s'agirait de nouveau d'une aide de 150 euros comme celles qui ont déjà été versées, a-t-il dit, sans écarter d'autres solutions.

En choisissant de s'exprimer dans Brut, un site de vidéos d'actualité, Emmanuel Macron a voulu "échanger" avec les jeunes, "entendre ce qu'ils ont à dire", a expliqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avant l'émission.

Emmanuel Macron répond aux questions des journalistes du média en ligne Brut, à Paris le 4 décembre 2020 (AFP/Archives/BERTRAND GUAY)

Souvent déprimés par les deux confinements, privés de petits boulots et de lien social ou en difficulté dans des études à distance, 53% des 18-30 ans se sentent "révoltés ou résignés" et seulement 22% "confiants ou enthousiastes", selon un sondage de l'Ifop pour La Tribune.

Emmanuel Macron l'avait résumé le 14 octobre en lançant: "C'est dur d’avoir 20 ans en 2020". "Je ne donnerai jamais de leçon à nos jeunes parce que ce sont eux qui, honnêtement, vivent un sacrifice terrible", avait-il ajouté.

Les 18-24 ans demeurent pourtant, avec les seniors, les plus solides soutiens d'Emmanuel Macron, souligne Frédéric Dabi, de l'Ifop, avec un taux d'approbation de 49%, selon le baromètre Ifop-Fiducial d'octobre.

Un autre sondage, publié vendredi par Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info et Le Figaro, montre que le chef de l'Etat progresse nettement chez les jeunes: 49% des 18-24 ans jugent qu’il a été un bon président, 58% le trouvent sympathique, 45% humble et 41% proche des gens.

L'émission de Brut, diffusée aussi par les chaînes d'info, devait se dérouler jeudi mais elle a été repoussée de 24 heures après le décès de Valéry Giscard d'Estaing mercredi soir à 94 ans. Elle devait se terminer par une séquence de questions-réponses sur l'application Snapchat.

"L'idée, c'est de poser les questions les plus franches possible", avait promis Rémy Buisine avant l'émission.

© 2020 AFP

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