Prime Macron 2021 : comment ça marche ?

Il y a 3 années 449

Qui sont les salariés concernés ? Quelle forme va prendre ce versement cette année ? Est-il exonéré d’impôts ? Explications.

La prime Macron refait surface en 2021. À l’issue de la troisième conférence sur le dialogue social qui réunissait lundi 15 mars les partenaires sociaux, Jean Castex a confirmé qu’elle pourrait être versée « à tous les salariés » en 2021. Le premier ministre veut néanmoins que ceux de la « deuxième ligne », particulièrement exposés à la pandémie, en soient « les bénéficiaires privilégiés ». Si les contours précis restent à définir, une chose est sûre : ce coup de pouce sera largement inspiré de la fameuse prime du nom du chef de l’État.

Quelle est l'origine de cette prime ?

Les origines de cette prime remontent à 2018. À l’époque, la France vit chaque samedi au rythme des manifestations des Gilets Jaunes qui réclament, entre autres, une amélioration du pouvoir d’achat. Le 10 décembre de cette même année, Emmanuel Macron prend la parole pour décréter « l’état d’urgence économique et sociale ». Il souhaite une « vraie amélioration » qui serait « tout de suite perceptible » par les travailleurs. Parmi les mesures annoncées, Emmanuel Macron indique qu’il demandera « à tous les employeurs qui le peuvent de verser une prime de fin d’année sans impôts ni charges ». L’idée n’est pas neuve : elle avait été suggérée par le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui proposait d’instaurer « une prime de pouvoir d’achat » défiscalisée exceptionnelle, « de quelques centaines d’euros ».

Quelle forme prend-elle ?

Il s’agit d’une prime exonérée d’impôt sur le revenu, de cotisations salariales et patronales et de contributions sociales (CSG et CRDS). Elle est également exclue des ressources prises en compte pour le calcul de la prime d’activité et pour l’attribution de l’allocation adulte handicapé, précise Bercy. Son montant maximum est de 1000 euros. « Il sera possible d’en augmenter le montant jusque 2000 euros pour les entreprises et les branches qui auront soit conclu un accord d’intéressement d’ici la fin de l’année, soit ouvert une négociation sur la valorisation des métiers » dits de « deuxième ligne », a précisé Jean Castex.

Qui sont les salariés concernés en 2021 ?

Pour 2021, comme pour les précédentes années, la prime Macron concernera tous les salariés. Le ministère du Travail a cependant précisé que le « niveau de ciblage » de la prime sera à négocier avec les partenaires sociaux, l’idée étant de la « centrer sur les bas salaires ». Pour rappel, dans sa version de 2019 et 2020, la prime Macron avait été réservée aux salariés gagnant moins de trois fois le Smic.

Jean Castex souhaite par ailleurs que les salariés de la « deuxième ligne » en soient les « bénéficiaires privilégiés ». Sont donc particulièrement concernés les employés du commerce de détail, de la propreté, du bâtiment ou encore du transport routier, essentiels pour la continuité économique, dont les salaires sont jugés trop bas et les conditions de travail peu enviables. Selon un rapport transmis vendredi 12 mars à la ministre du Travail, Élisabeth Borne, ils sont plus de 4 millions. Pour eux, cette prime constituera un préalable à l’ouverture de négociations de branche.

La prime Macron a-t-elle fonctionné jusqu'ici ?

En 2019, les entreprises avaient joué le jeu. Quelque 4,8 millions de salariés en avaient profité pour un montant moyen de 400 euros. En 2020, malgré la crise, les employeurs ont à nouveau répondu présent. Plus de 5 millions de salariés en ont encore bénéficié pour un montant moyen de 458 euros. Environ 2,3 milliards d’euros ont ainsi été distribués.

Qu'en pensent patronats et syndicats ?

L’idée de ne réserver la prime qu’aux salariés de la « deuxième ligne », avait dans un premier temps suscité l’inquiétude des organisations patronales qui mettaient en avant les inégalités de traitement entre les salariés d’une même entreprise. Selon plusieurs syndicats, le Medef s’était notamment montré très hostile à l’idée lors d’une réunion vendredi 12 mars avec le ministère du Travail.

S’il est désormais acté que la prime Macron de 2021 pourra être versée à tous, les inquiétudes du patronat demeurent. C’est désormais le coût de cette mesure, instaurée en période de crise sanitaire et économique, qui pose problème. Jean Castex l’a admis : « cela va coûter de l’argent aux entreprises ». Le Medef a donc mis en garde contre une « désillusion » sur cette prime car « les entreprises ont vécu leur pire année et beaucoup auront du mal à la verser ». À la différence du Medef, l’U2P (commerçants et artisans) « souscrit à la possibilité donnée aux entreprises » d’accorder une prime qui serait une « juste reconnaissance de la Nation » pour ces travailleurs.

Les syndicats, eux, se montrent frileux. « Tant que ce n’est pas obligatoire, c’est au bon vouloir des employeurs et pour l’instant c’est un mauvais vouloir », a commenté Philippe Martinez (CGT), qui dénonce le « refus catégorique » du gouvernement d’augmenter le Smic. « Ce n’est pas une prime sonnante et trébuchante », a aussi relevé Yves Veyrier (FO), tandis que Marylise Léon (CFDT) a estimé qu'« il faut que les employeurs qui ont la possibilité de verser cette prime le fassent », notant que le Medef « a freiné des quatre fers », mais que ce ne peut être « la seule réponse ».


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