"Projet cartel" : un consortium de journalistes a poursuivi l'enquête sur le trafic de drogue de Regina Martinez, assassinée en 2012 au Mexique

Il y a 3 années 230

Soixante journalistes issus de 25 médias à travers le monde publient dimanche une enquête inédite qui reprend le travail d'une de leurs consœurs, tuée alors qu'elle enquêtait sur les cartels de la drogue.

Depuis 2000, 119 journalistes ont été tués au Mexique, selon le Comité pour la protection des journalistes. Un chiffre record qui fait de ce pays l'endroit le plus dangereux pour la presse dans le monde. Pour poursuivre le travail de leurs confrères mexicains assassinés, 60 journalistes de 25 médias internationaux ont décidé de s’unir. Le "Projet cartel" est le nom de cette collaboration historique, la nouvelle enquête coordonnée par le réseau mondial de journalistes d’investigation Forbidden Stories qui poursuit le travail de reporters menacés, censurés ou assassinés.

⏰ J-2️ avant les premières révélations du #CartelProject
Une collaboration historique pour poursuivre le travail de journalistes mexicains assassinés.

60 journalistes
25 médias
18 pays

Ils ont tué le messager. Ils ne tueront pas le message. #EndImpunity pic.twitter.com/1vir2duS9V

— Forbidden Stories (@FbdnStories) December 4, 2020

Pendant 10 mois et dans 18 pays, les journalistes du "Projet cartel" ont travaillé main dans la main pour enquêter sur les cartels de la drogue mexicains, leurs liens avec les pouvoirs politiques et leurs connexions dans le monde. Ils ont repris le travail de Regina Martinez, journaliste du magazine Proceso, dont l’assassinat en 2012 a marqué un tournant dans l'impunité des crimes contre la presse mexicaine. Huit ans après les faits, ils ont poursuivi ses enquêtes sur les liens entre politiques et narcotrafiquants et découvert que la journaliste s'apprêtait à révéler des informations explosives sur le sort de milliers de personnes mystérieusement disparues au Veracruz. 

Ils ont également recueilli des témoignages inédits qui révèlent comment les autorités locales ont saboté l’enquête sur sa mort et étouffé l'affaire en mettant en prison un bouc émissaire sans aucune preuve tangible.

Dans le monde entier, les journalistes partenaires de Forbidden Stories ont traqué les complices des organisations criminelles mexicaines et dévoilé leurs connections. En Chine et en Inde, ils ont remonté la filière d’approvisionnement des cartels jusqu’aux fournisseurs de produits chimiques utilisés pour produire du fentanyl, la drogue la plus mortelle aux États-Unis.

En Europe, ils ont enquêté sur la recrudescence de "cuisiniers" mexicains dans les laboratoires clandestins de méthamphétamines aux Pays-Bas et en Belgique. Ils se sont aussi intéressés au business très opaque des entreprises de cybersurveillance qui fournissent au Mexique des technologies toujours plus invasives utilisées aussi contre les journalistes qui dérangent.

Enfin, ils ont eu accès à des documents inédits sur les ventes d’armes au Mexique. En Allemagne, en Belgique ou en Italie, des entreprises vendent pour des centaines de millions d'euros d'armes et de munitions à des Etats mexicains connus pour leur collusion avec des groupes criminels et leur bilan désastreux en matière de droits de l’homme. 

Le "Projet cartel" est une série de cinq enquêtes publiées simultanément par 25 médias dans le monde à partir du 6 décembre. En publiant leurs articles en même temps, les membres du projet envoient un signal fort aux ennemis de la presse : "Vous avez tué le messager mais vous ne tuerez pas le message".

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