Réservations annulées: ils réclament plus de 180.000 euros à Airbnb

Il y a 3 années 1875

Des hôtes reprochent à Airbnb d’avoir annulé des réservations, notamment en raison du Covid, sans demander leur accord.

À l’origine, des simples annulations. Qui n’en sont pas vraiment en réalité car elles sont liées, pour la plupart (131 réservations sur 200), à un événement exceptionnel: le Covid-19. À cause de la crise sanitaire, des vacanciers n’ont pas pu se rendre dans leur maison louée sur Airbnb. Ils ont donc adressé une demande d’annulation à la plateforme qui, en retour, les a remboursés et a adressé, pour certaines, une compensation aux hôtes.

Son montant s’élève, au total (en tenant compte également des réservations annulées pour des raisons autre que le Covid) à un peu plus de 12.000 euros, selon un document que Le Figaro s’est procuré. Une centaine de logements (106 exactement, certains ont été mis en location plusieurs fois), situés pour la plupart à Paris, sont concernés.

Mais les hôtes reprochent à Airbnb d’avoir validé l’annulation des réservations sans leur accord comme le stipule, selon eux, le propre règlement de la plateforme qui était en vigueur au moment des réservations. «Lorsque des membres font ou acceptent une réservation, ils concluent un contrat entre eux directement. Airbnb n’est ni devient partie à un quelconque contrat passé entre des membres, et Airbnb n’est ni courtier immobilier ni assureur», stipule l’article 1.2 des Conditions de service (voir ci-dessous en page 5).

«Était» en vigueur car cet article ne figure plus sur le site d’Airbnb mis à jour le 30 octobre 2020, date postérieure aux dates de réservations des 106 logements. Il n’est désormais plus fait mention que des conditions d’annulation pour les hôtes et pour les voyageurs (voir ci-dessous).

Crédit Photo : Capture d'écran via le site d'Airbnb
Crédit Photo : Capture d'écran du site d'Airbnb

Les voyageurs doivent prévenir leurs hôtes

Contacté par Le Figaro, Airbnb assure que «toutes les annulations et tous les remboursements sont mis en œuvre conformément à nos conditions de service.» Des conditions qui, rappellent la plateforme, intègrent une politique liée aux cas de force majeure. «Lorsque l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a qualifié l’épidémie de la Covid-19 de pandémie, nous avons mis en place une politique relative aux cas de force majeure (spécifique au Covid-19) », détaille Airbnb.

Cette politique permet aux hôtes et aux voyageurs ayant effectué une réservation avant le 14 mars et dont la date d’arrivée est prévue dans les 45 jours qui suivent, d’annuler sans frais leur réservation. Mais, sur son site, Airbnb rappelle également à ces utilisateurs qu’en cas d’annulation, «il convient généralement d’essayer d’en parler d’abord à votre hôte. La plupart des hôtes préfèrent résoudre rapidement les problèmes en offrant une solution, un remboursement partiel ou les deux». Bref, Airbnb estime que la responsabilité incombe aux voyageurs.

Mais, dans l’affaire qui nous occupe, les hôtes, représentés par une société qui propose des biens en location via Airbnb, estiment, dès lors, que la plateforme n’avait pas à rompre le «contrat» sans demander leur accord. «Airbnb ne peut pas revendiquer être une plateforme de mise en relation et interférer dans les relations contractuelles entre les hôtes qui louent des biens et les voyageurs, dénonce Me Jonathan Bellaïche, leur avocat qui a obtenu, en juin dernier, la condamnation d’Airbnb dans une affaire de sous-location illégale. Cela démontre qu’Airbnb est bien un éditeur de contenus et pas un hébergeur».

En conséquence, les hôtes ont envoyé le 9 mars dernier une lettre, que Le Figaro s’est procurée, dans laquelle ils mettent en demeure Airbnb de leur rembourser plus de 183.000 euros. Ce qui équivaut, selon eux, «à la différence entre les sommes qui (leur) ont été versées et les sommes qui lui étaient réellement dues». Au-delà du montant à rembourser - les réservations auraient été annulées quoi qu’il arrive -, c’est la forme que les hôtes contestent. Airbnb n’a pas prévu de donner suite à cette mise en demeure. Une assignation en justice est donc envisageable.

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