Ruée vers l'occasion, essor de l'électrique : le bilan du marché automobile en 2020

Il y a 3 années 462

DÉCRYPTAGE

Nouvelle rechute en novembre pour le secteur automobile : -27% pour les immatriculations de voitures neuves, selon un chiffre publié ce mardi par le Comité des constructeurs français de l'automobile (CCFA). Une baisse moins spectaculaire que lors du premier confinement, même si la crise sanitaire liée au coronavirusa fortement impacté les ventes. Scrutant les chiffres des onze premiers mois de l'année 2020, Europe 1 dresse un premier bilan, marqué par deux tendances fortes : la montée en puissance des voitures d'occasion et des moteurs électriques.

C'est une situation inédite pour l'instant en 2020 : désormais une voiture vendue sur quatre est "électrifiée". Un terme qui regroupe le 100% électrique, l'hybride et l'hybride rechargeable. A titre de comparaison, c'était à peine un véhicule sur dix, en 2019. Sur le marché de l'occasion, autre tendance de fond, la baisse est bien moins forte. En novembre, elle est seulement de -4%, avec 444.820 modèles immatriculés, selon les chiffres du spécialiste de la donnée AAAData. Ces deux phénomènes, qui pourraient apparaître contradictoires, s'expliquent d'abord en grande partie par les importants bonus en faveur de l'électrique et par l'élargissement de la prime à la conversion pour l'occasion. Avec des montants qui n'ont jamais été aussi élevés qu'en juin dernier.

Effet écologie et effet "pouvoir d'achat"

Pour l'augmentation de l'offre de véhicule électrique, les constructeurs n'avaient pas le choix. La réglementation européenne impose aux constructeurs automobiles un seuil d'émission de CO² moyen à ne pas dépasser : 95g/km, sous peine de très lourdes amendes. Les groupes français, PSA et Renault, seront dans les clous.

Et si les consommateurs ont répondu à l'offre électrique des constructeurs, c'est qu'il s'agit aussi une tendance sociétale : pour un Français sur deux, le passage à l'électrique se fait pour la protection de l'environnement.

La ruée vers les voitures d'occasion

Le carton du VO, le véhicule d'occasion, est l'autre enseignement majeur de cette année 2020. Les chiffres ont rarement été aussi hauts, surtout depuis le déconfinement du mois de mai dernier : +29% en juin, +13% en juillet, +17% en août, +21 en septembre et +11% en octobre selon AAAData. Et c'est une évolution qui se concrétise par l'apparition de plus en plus nombreuses de centres de reconditionnement des voitures d'occasion.

Aramisauto s'était lancé en 2014, avec son centre de Donzère, dans le Drôme. Clara Automobiles, au sein du groupe Dubreuil, fait aussi partie des pionniers de ce type de centre et travaille à la création de sa troisième usine à remettre en état les voitures. Autre acteur majeur du secteur, le groupe Emil Frey, qui a lancé son "CRVO" l'été dernier, à Ingrandes sur Vienne, près de Châtellerault. Près de 30.000 véhicules vont passer par là chaque année. Peinture, carrosserie, mécanique, expertises : tout est contrôlé et réparé.

L'avantage de ce type de centre, c'est le gain de temps, explique Vincent Gorce, le directeur général du groupe Emil Frey France. "Cela prend dix jours entre le moment où le véhicule part de la concession et le moment où il revient pour être exposé. C'est trois fois moins de temps qu'en atelier classique". Cela a permis d'industrialiser les processus de travail. "Et nous avons ainsi pu recruter des profils moins spécialisés et générer une centaine d'emplois sur ce site d'Ingrandes", se félicite Vincent Gorce.

La chute inexorable du diesel

Sur le marché de l'occasion, les moteurs sont encore en majorité des moteurs thermiques, soit essence soit diesel. Mais sur le marché du neuf, le diesel perd encore du terrain en 2020. Il ne représente plus que 31% du marché du neuf sur les onze premiers mois de l'année 2020 selon le CCFA, alors que c'était le double en 2015. Conséquence positive, les émissions de CO² baissent : 95 grammes/km en moyenne en octobre dernier contre 110 grammes/km en fin d'année dernière.

Mais cela ne sera pas suffisant pour rouler au diesel dans certains centres-villes et même dans des zones bien plus larges puisque la Métropole de Lyon vient d'annoncer, il y a deux semaines, que le diesel, et ses particules ultra fines, seront bannis à partir de 2025.

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