Uber fait son entrée en Bourse avec une valorisation moins élevée que prévu

Il y a 4 années 477

Le leader du VTC se lance en Bourse ce vendredi avec une valorisation à 82,2 milliards de dollars. Bien en-deçà des 100 milliards un temps espérés.

Uber s'apprête à réaliser ce vendredi l'une des plus grosses entrées en Bourse de l'histoire, mais joue la prudence en visant une valorisation moins élevée qu'il ne l'avait initialement espéré, échaudé par les débuts difficiles de son concurrent Lyft.

Le leader mondial de la réservation de voitures avec chauffeur a fixé jeudi à 45 dollars le titre le prix de son entrée à Wall Street, ce qui valorise l'entreprise à quelque 82,2 milliards de dollars si l'on ajoute les titres réservés aux banques pilotant la transaction. Uber se retrouve ainsi, selon le cabinet Dealogic, dans les mêmes étiages que Facebook à son entrée en Bourse en mai 2012 en terme de valorisation boursière. L'opération permet en outre au groupe américain, qui sera coté au New York Stock Exchange sous le symbole UBER, de lever 8,1 milliards de dollars d'argent frais.

Comme le veut la tradition, son patron Dara Khosrowshahi devrait sonner la cloche d'ouverture de la séance boursière ce vendredi matin à Wall Street. Reste à savoir si le sulfureux patron-fondateur Travis Kalanick, poussé à la démission en 2017 par des investisseurs puissants inquiets des scandales, sera également convié...

Uber reste prudent

Comme prévu depuis quelques semaines, Uber a bel et bien joué la prudence: ces niveaux de valorisation restent bien en-deçà des chiffres qui circulaient ces derniers mois, Uber ayant caressé l'idée d'une capitalisation autour de 100 milliards de dollars, voire davantage. 

Le groupe basé à San Francisco, en Californie, a semble-t-il revu ses ambitions à la baisse, échaudé par la déconvenue boursière de son concurrent principal aux États-Unis, Lyft. Entré en Bourse fin mars à 72 euros, le titre Lyft est malmené depuis et a fini jeudi à 55,18 dollars. "Le prix bas choisi par Uber est malin et prudent", et montre "clairement qu'il a appris de son +petit frère+ Lyft", résume Daniel Ives, analyste de Wedbush Securities.

 Après des années de croissance rapide mais très mouvementée, marquée par des scandales qui ont durablement terni son image, l'arrivée à Wall Street d'Uber, leader du secteur et marque célèbre dans de nombreuses régions du monde, est extrêmement attendue dans les milieux financiers et le secteur des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC).

Moment de vérité 

Cette opération prend donc des allures de moment de vérité pour Uber et pour Dara Khosrowshahi, nommé en 2017 pour améliorer une image très dégradée par des scandales à répétition, en vue de l'introduction sur le marché boursier. 

Dans les documents boursiers publiés récemment dans le cadre de cette IPO ("Initial public offering"), Uber avançait une prévision de chiffre d'affaires d'environ 3 milliards de dollars au premier trimestre 2019 et une perte proche de 1 milliard de dollars. Uber cherche du coup à se diversifier, vers des activités plus rentables: livraison de repas, trottinettes, vélos... Son nouveau crédo: devenir l'Amazon des transports.

Parmi les nombreux "risques" financiers actuels et futurs détaillés par Uber sur plusieurs dizaines de pages: la concurrence, les menaces légales et réglementaires et... les chauffeurs, qui se sont mis en grève et ont manifesté dans plusieurs villes américaines mercredi, arguant du fait que l'entrée en Bourse enrichirait de riches actionnaires, sans qu'eux-mêmes en tirent un centime.

Des chauffeurs mécontents

Afin de maintenir un prix de course attractif et d'attirer clients et chauffeurs, Uber a multiplié réductions, promotions et bonus... C'est d'ailleurs l'une des causes de l'hémorragie financière plombant le groupe depuis ses débuts.

Uber, qui revendique 3 millions de chauffeurs dans le monde, le dit d'ailleurs sans ambages: "Nous connaissons toujours un mécontentement (...) de la part d'un nombre important de chauffeurs. En particulier, comme nous prévoyons de réduire les incitations (financières) pour les chauffeurs, nous nous attendons à une hausse du mécontentement général" de leur part. 

Autre menace: la requalification possible par la justice des chauffeurs en employés, plutôt que travailleurs indépendants. Rémunération, statut, protection sociale, autant de demandes formulées mercredi dans les rangs des chauffeurs Uber, qui se sont mis en grève et ont manifesté mercredi pour de meilleures rémunérations.

"Il est très difficile de gagner sa vie", déplorait Kevin Killelea devant le bâtiment new-yorkais qui abrite les bureaux d'Uber et de Lyft. "Ils pourraient nous traiter beaucoup mieux. Sans nous, ils ne pourraient même pas aller en Bourse".

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