Confinement : privés de la clientèle des restaurants, les producteurs et grossistes demandent des aides pour s'en sortir

Il y a 3 années 388

Avec la fermeture de tous les restaurants, de nombreux éleveurs et cultivateurs ne peuvent plus écouler leur marchandise. La vente directe aux particuliers n'est pas toujours rentable. Tous demandent à bénéficier des aides dédiées au secteur de la restauration.

Nous sommes à la porte d'une ancienne chapelle du XVIIIe siècle, au coeur de Nantes, devant un étal de champignons. Camille May et ses associés ont transformé ce lieu en champignonnière. Pleurotes et shitakés poussent sous les voûtes. Jusqu'au confinement mis en place pour enrayer l'épidémie de Covid-19, il vendait 20% de sa production aux restaurateurs. Le producteur a réussi à s'adapter. "On a appelé nos clients habituels, les AMAP (association pour le maintien d'une agriculture paysanne), ce genre de choses, pour leur demander si ça les intéressait, pour une fois, d'en commander un peu plus. Franchement, on s'inquiète beaucoup plus pour nos partenaires que pour nous", explique-t-il.

À Pornic, sur la côte de Jade, Marie-Samuelle Cassard Bourreau exploite un élevage de pigeonneaux de 3 000 couples. Ses clients sont des restaurants gastronomiques. "Comme je vendais toute ma production chaque semaine, je ne me suis pas posé la question de faire quelque chose à côté comme des bocaux ou de la vente aux particuliers puisque je vendais tout", dit-elle.

Jamais je n'aurais imaginé, mais jamais, que tous les restaurants de France puissent un jour fermer.

Marie-Samuelle Cassard Bourreau, éleveuse de pigeons

à franceinfo

Entre les boucheries et la vente à emporter, Marie-Samuelle Cassard Bourreau a pu sauver 20% de son chiffre d'affaires. Plusieurs dizaines de milliers d'euros perdus et pas d'aide financière jusqu'ici. "On a l'impression d'être les oubliés. On ne parle pas assez des fournisseurs et de tout ce qui entoure la restauration", déplore-t-elle.

Autour des restaurateurs, il y a aussi les grossistes spécialisés. Sur le MIN de Nantes, le marché de gros désert, Mikaël Cadio, patron de la maison Berjac, fait le tour de son magasin : "Là vous voyez, les viviers sont vides. D'habitude c'est plein de homards. C'est inimaginable. C'est d'une violence extrême. On ne peut pas changer de fusil d'épaule et changer de client du jour au lendemain. Cette clientèle là ne nous avait jamais fait défaut depuis 40 ans. D'un coup, d'un seul, on perd tous nos clients, donc c'est compliqué."

La chambre froide du grossiste Maison Berjac sur le MIN de Rezé, près de Nantes, le 30 novembre 2020. En temps normal, elle est pleine. (GREGOIRE LECALOT / FRANCEINFO / RADIO FRANCE) La chambre froide du grossiste Maison Berjac sur le MIN de Rezé, près de Nantes, le 30 novembre 2020. En temps normal, elle est pleine. (GREGOIRE LECALOT / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Pour éviter de jeter 500 000 euros de stock, Mikaël Cadio a organisé une journée de vente aux particuliers mais il perd 80% de chiffre d'affaires. Et pas seulement. "Perdre du chiffre d'affaires, c'est une chose, mais c'est surtout la perte d'argent, la perte de rentabilité, déplore le grossiste. Tous nos frais fixes restent les mêmes. Pour le peu de marchandise que j'ai, mes frigos tournent autant que quand j'en ai beaucoup."

L'électricité, c'est 10 000 euros par mois. Les locations de camions qui restent, les assurances, tous les frais fixes sont énormes.

Mikaël Cadio, grossiste de viande et poisson

à franceinfo

Tout comme les producteurs, Mikaël Cadio espère que les grossistes bénéficieront eux aussi des aides à la restauration pour que toute la filière s'en sorte.

Grossistes et fournisseurs de la restauration face au Covid-19 : reportage de Grégoire Lecalot

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