De nouvelles mesures contre le suicide agricole

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Dans son rapport remis au premier ministre, le député Olivier Damaisin préconise un «référent» départemental.

Sept recommandations pour 29 actions. Le député LREM du Lot-et-Garonne, Olivier Damaisin, a remis mardi au premier ministre, Jean Castex, son rapport présentant ses pistes de travail pour diminuer le nombre de suicides qui endeuillent les exploitations agricoles. Il s’agit de la troisième cause de mortalité dans la profession après les cancers et les maladies cardiovasculaires.

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Pour la seule année 2015, derniers chiffres recensés par la Mutualité sociale agricole (MSA), la sécurité sociale des agriculteurs, 372 exploitants ont mis brutalement fin à leur vie… soit plus d’un par jour. Un phénomène gravissime qui demande des mesures d’urgence. «Il y a des petites solutions, que je propose après un tour de France de plus de six mois, qui peuvent sauver des vies, insiste Olivier Damaisin. Ces mesures ne nécessiteront pas forcément de passer par la voie législative si l’on veut agir vite pour diminuer le nombre de suicides».

Soulager du poids de la dette

Parmi ces sept recommandations, quatre paraissent simples dans leur mise en œuvre. Olivier Damaisin, préconise en premier lieu la création d’un «référent suicide» par département. «Il serait connu de tous les acteurs qui gravitent autour des agriculteurs, comme les vétérinaires, les fournisseurs, les conseillers des chambres d’agriculture ou les syndicats…, détaille-t-il. C’est vers lui qu’on se tournerait en cas d’urgence pour empêcher qu’un agriculteur ne mette fin à ses jours.» Au printemps dernier, le député a lui-même été confronté à cette situation. Il a été interpellé par un éleveur laitier qui voulait se suicider dans la Manche. «Il fallait faire vite, je ne savais pas vers qui me tourner. Grâce à mon réseau, j’ai pu dénouer la situation que personne dans son entourage n’avait identifiée. Heureusement, l’agriculteur est toujours en vie aujourd’hui», poursuit-il. Mais combien sont morts dans le plus grand anonymat faute de connaître les bonnes personnes?

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Par ailleurs, pour soulager le poids de l’endettement des agriculteurs en difficulté, le député préconise que les Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) ou les autres organismes chargés du foncier agricole, comme Terres de lien, puissent racheter des parcelles aux paysans endettés. Ils les lui laisseraient cultiver moyennant un bail avec option de rachat. Une sorte de portage. «Cela permettrait à l’agriculteur de garder la tête haute vis-à-vis de son entourage tout en continuant à exploiter des terres dont il aurait perdu momentanément la propriété mais pas l’utilisation, un point psychologique très important», affirme Olivier Damaisin.

Troisième axe de réflexion: la pérennisation de l’aide au répit. Elle finance le remplacement de l’agriculteur en situation d’épuisement professionnel pendant dix jours. Alors que 3500 exploitants en avaient bénéficié avant 2017, les ministères de l’Agriculture et des Finances n’avaient pas souhaité reconduire l’enveloppe qui lui était consacrée. Olivier Damaisin plaide pour «continuer à donner à la MSA les moyens de pérenniser son aide au répit qu’elle finance sur ses fonds propres». Enfin, la simplification administrative fait partie des demandes du parlementaire. «Les services préfectoraux et les chambres d’agriculture doivent aider les agriculteurs à remplir des dossiers souvent trop compliqués et sources de beaucoup de stress inutile», insiste-t-il. «Je vais rencontrer ce mercredi, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, pour lui présenter mon travail. Des décrets peuvent permettre à ces mesures d’être opérationnelles», confie-t-il.

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